Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/509

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et l’ivoire, et à lui de tailler l’un ou l’autre, et de le mettre en œuvre[1].

Il[2] faut que la narration ne soit point décousue. Non-seulement les choses doivent se suivre, mais elles doivent se tenir les unes aux autres.

Il[3] faut savoir négliger les petites choses, et ne point trop s’étendre dans les descriptions. Témoin Homère, qui en a pu faire de si belles, et qui a si souvent passé par-dessus courageusement. Ne croyez point que Thucydide soit long dans la description de la peste ; songez de quelle importance est tout ce qu’il dit : il fuit les choses, mais les choses l’arrêtent malgré lui.

On[4] peut s’élever et être orateur dans les harangues, pourvu qu’elles conviennent à celui qui parle.

Il[5] faut être court et circonspect dans les jugements que l’on porte des uns et des autres, toujours être appuyé de preuves, éviter d’être calomniateur, et ne les point faire mal à propos. Songez surtout que vous n’êtes point devant les juges, et qu’il ne s’agit point de faire le procès à ceux dont vous parlez. Théopompe a passé en cela les bornes, et semble plus un accusateur qu’un historien.

S’il[6] se présente des fables ou des choses peu vraisemblables à raconter, contez-les, mais non pas comme les croyant et voulant forcer les autres à les croire ; mais donnez-les pour telles qu’elles sont, sans les appuyer.



  1. Lucien ne se contente pas de cette simple allusion métaphorique. Il développe la comparaison, et nomme Phidias, Praxitèle, Alcamène.
  2. Lucien, Comment il faut écrire l’histoire, § 55.
  3. Ibidem, §§ 56 et 57.
  4. Ibidem, § 58.
  5. Ibidem, § 59.
  6. Ibidem, § 60.