Page:Racine - Œuvres, t5, éd. Mesnard, 1865.djvu/53

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« Du mardi 13 novembre 1696. On a d’abord parlé des devises pour les jetons de l’année 1697. Plusieurs de Messieurs en ont apporté qu’ils avoient pensées dans leur loisir… Pour les Bâtiments du Roi, M. Racine : un Alcyon, avec ce mot : Otia mundi Expectat. » M. de Villacerf, comme le marque le registre à la date du 20 novembre 1696, préféra cet emblème, donné par Charpentier : l’arc d’Hercule débandé, avec ce mot : Et sunt otia divis.

« Du samedi 17 novembre 1696. Pour l’Extraordinaire des guerres,… M. Racine : un faisceau de flèches délié, avec ce mot : Jam faciles frangi ; M. l’abbé Tallemant : un lion qui met en fuite des troupeaux avec ce mot : Timidos arvis decedere cogit. M. Racine a proposé au lieu de ce mot : Hostili regnat in arvo.

« Du samedi 24 novembre 1696. M. l’abbé Bignon a rapporté à la Compagnie les devises choisies par M. de Pontachartrain… Pour l’Extraordinaire des guerres, un faisceau de verges délié, avec ce mot : Jam faciles frangi. Cette devise est fondée sur une fable connue. Ce faisceau lié est difficile à rompre. Dès qu’il est délié, on rompt aisément les verges ou baguettes qui le composent. Les ennemis de la France ligués étoient difficiles à dompter. La paix de Savoie, qui commence à désunir leurs intérêts, donne plus de facilité à les vaincre. — Du samedi 16 novembre 1697. On a continué à proposer des devises. M. l’abbé Tallemant, pour les Parties casuelles[1] : un homme qui taille un arbre, avec ce mot de Virgile (Géorgiques, livre I, vers 216) : Annua cura. M. Racine a dit que ce mot ne disoit pas assez, et qu’il falloit montrer que ce soin que l’on a de tailler les arbres tous les ans, comme de payer le droit annuel, est très-utile, et pour cela il a ajouté juvat : Juvat annua cura. M. de Villacerf avoit écrit à M. l’abbé Tallemant pour la devise des Bâtiments ; M. Racine a

  1. « Les Parties casuelles, outre le droit annuel, sont destinées à recevoir les fonds des charges que le hasard fait vaquer, ou faute d’avoir payé le droit annuel, ou par le changement des officiers. » (Registre de l’Académie des inscriptions, à la date du 19 novembre 1694.)