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Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/146

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SCENE IV.

TAXILE, CLEOFILE.
CLEOFILE.

H ! quittez cette ingrate Princeflè,
Dont la haine a juré de nous troubler fans ceflb,
Qtn met tout fort plaidr à vous dcfelperer.
Oubliez….

TAXILE. Non, ma fœur, je la veux adorer. Je l’aime. Et quand les yœux que je pouflè pour ellej N’en obtiendroient jamais qu’une haine immortelle,’Malgré tous Ces mépris, malgré tous vos dùcours, Malgré moy-mefme, il faut que je l’aime toujours. Sa colere apres tout n’a rien qui mefùrprenne. C’cft à vous, c’efti moy qu’il faut que je m’en prenne^ Sans vous, làns vos confeils, ma Sœur, qui m’ont trahy. Si je n’eftois aimé, je ferois moins hay. Je la verrois làns vous par mes foins défendue, Entre Porus & moy demeurer Gifoenduë. Et ne feroit-ce pas un bon-heur trop charmant Que de l’avoir reduite à douter un moment ? Non, je ne puis plus vivre accablé de là haine, Il faut que je me jette aux pieds de l’Inhumaine. J’y cours. Je vais m’offrù" à fervir fon courroux Mefine contre Alexandre. & mcfme contre vousj Je (çay de quelle ardeur vous brûlez l’un pour l’autre^ Mais c’efl : trop oublier mon repos pour le voftre, Et fans m’inquieter du fcecez de vos feux,