Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/165

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tre Mary qu’Hector ni d’autre Fils qu’Aſtyanax. J’ay cru en cela me conformer à l’idée que nous avons maintenant de cette Princeſſe. La pluſpart de ceux qui ont entendu parler d’Andromaque ne la connoiſſent guere que pour la veuve d’Hector & pour la Mere d’Aſtyanax. On ne croit point qu’elle doive aimer ni un autre Mary, ni un autre Fils. Et je doute que les larmes d’Andromaque euſſent fait sur l’esprit de mes Spectateurs l’impreſſion qu’elles y ont faite, si elles avoient coulé pour un autre Fils que celuy qu’elle avoit d’Hector.

Il eſt vray que j’ay eſté obligé de faire vivre Aſtyanax un peu plus qu’il n’a vécu. Mais j’écris dans un Pays où cette liberté ne pouvoit pas eſtre mal receuë. Car ſans parler de Ronſard qui a choisi ce meſme Aſtyanax pour le Heros de ſa Franciade ; Qui ne ſçait que l’on fait deſcendre nos anciens Rois de ce Fils d’Hector, & que nos vieilles Croniques ſauvent la vie à ce jeune Prince, apres la deſolation de ſon Pays, pour en faire le Fondateur de noſtre Monarchie ?

Combien Euripide a-t’il eſté plus hardy dans la Tragedie d’Helene ? Il y choque ouvertement la creance commune de toute la Grece. Il ſuppoſe qu’Helene n’a jamais mis