Contre un Ingrat…
Penſez-vous, quand Pyrrhus vous l’auroit accordée,
Qu'un prétexte tout preſt ne l'euſt pas retardée ?
M’en croirez-vous ? Laſſé de ſes trompeurs attraits,
Au lieu de l’enlever, fuyez-la pour jamais.
Quoy ? Voſtre amuar ſe veut charger d’une Furie
Qui vous déteſtera, qui toute voſtre vie
Regrettant un hymen tout preſt à s’achever,
Voudra…
Tout luy riroit, Pylade, & moy, pour mon partage,
Je n’emporterois donc qu’une inutile rage ?
J’irois loin d’elle encor, taſcher de l’oublier ?
Non, non, à mes tourmens je veux l’aſſocier.
C’eſt trop gemir tout ſeul. Je ſuis las qu’on me plaigne.
Je prétens qu’à mon tour l’Inhumaine me craigne,
Et que ſes Yeux cruels à pleurer condannez,
Me rendent tous les noms, que je leur ay donnez.
Voila donc le ſuccez qu’aura voſtre Ambaſſade.
Oreſte raviſſeur.
Quand nos Eſtats vangez jouiront de mes ſoins,
L’Ingrate de mes pleurs jouïra-t’elle moins ?
Et que me ſervira que la Gréce m’admire,
Tandis que je ſeray la fable de l’Epire ?
Que veux-tu ? Mais s’il faut ne te rien déguiſer
Mon innocence enfin commence à me peſer.