Jouïſſez à loiſir d’un ſi noble courroux.
Allons, Phœnix.
Madame...
Auteur de tous mes maux, crois-tu qu’il les ignore ?
Seigneur, voyez l’eſtat où vous me reduiſez.
J’ai vu mon Pere mort, & nos Murs embraſez,
J’ay veû trancher les jours de ma Famille entiere,
Et mon Epoux ſanglant traiſné ſur la pouſſière,
Son Fils ſeul avec moi reſervé pour les fers.
Mais que ne peut un Fils ? je reſpire, je ſers.
J’ay fait plus. Je me ſuis quelquefois conſolée
Qu’icy, plutoſt qu’ailleurs, le ſort m’euſt exilée ;
Qu’heureux dans ſon malheur, le Fils de tant de Rois,
Puis qu’il devoit ſervir, fuſt tombé ſous vos lois.
J’ay crû que ſa Priſon deviendroit ſon Azile.
Jadis Priam ſoumis fut reſpecté d’Achille.
J’attendois de ſon Fils encor plus de bonté.
Pardonne, cher Hector, a ma credulité.
Je n’ay pû ſoupçonner ton Ennemy d’un crime,
Malgré luy-meſme enfin je l’ay crû magnanime.
Ah ! s’il l’étoit aſſez pour nous laiſſer du moins
Au Tombeau qu’à ta Cendre ont élevé mes ſoins,
Et que finiſſant-là ſa haine & nos miſeres,
Il ne ſéparaſt point des dépoüilles ſi cheres !
Va m’attendre, Phœnix.