Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/246

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alors fi rempli de la lc&ure de cet excellent Hiftorien, qu’il n’y a prefque pas un trait éclattant dans ma Tragedie dont il ne m’ait donné l’idée. J’avois voulu mettre dans ce Recueil un Extrait des plus beaux endroits que j’ay tafché d’imiter. Mais j’ay trouvé que cet Extrait tiendroit prefque autant de place que la Tragedie. Ainfi le Lecteur trouvera bon que je le renvoyé à cet Auteur, qui aulîi bien eft entre les mains de tout le monde. E t je me contenteray de rapporter icy quelques-uns de fes paiftges fur chacun desPerfonnages que j’introduis fur laScene.

Pour commencer par Neron, il faut fouvenir qu’il eft icy dans les premieres années de fbn regne, qui ont efté heureufes comme l’on fçait. A infi il ne m’a pas efté permis de le reprefenter auiïï méchant qu’il a efté depuis. Je ne le reprefente pas non plus comme un homme vertueux : car il ne l’a jamais efté. Il n’a pas encore tué fi Mere, fa Femme, fes Gouverneurs : mais ilaenluy lesfemences de tous ces crimes. Il commence à vouloir fecoiier le joug. Il les hait les uns & les autres, & il leur cache fa haine fous de faufles careflès, FaBus naturâ velare odhtm fallacibm blanditiis. En un mot c’eft icy un Monftre naiilànt mais qui n’ofe encore fe déclarer, & qui cherche des couleurs à fes méchantes actions, HaÇlennt Nero fiagitiis & celeribtu velarnenta