Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/296

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SCENE VIII.

NERON, BRITANNICUS, JUNIE.

NERON.

PRince, continuez des tranſports ſi charmans.
Je conçoy vos bontez par ſes remercimens,
Madame, à vos genoux je viens de le ſurprendre.
Mais il auroit auſſi quelque grace à me rendre,
Ce lieu le favoriſe, & je vous y retiens
Pour luy faciliter de ſi doux entretiens.

BRITANNICUS.

Je puis mettre à ſes pieds ma douleur, ou ma joye,
Par tout où ſa bonté conſent que je la voye.
Et l’aſpect de ces lieux, où vous la retenez
N’a rien dont mes regards doivent eſtre eſtonnez.

NERON.

Et que vous monſtrent-ils qui ne vous avertiſſe
Qu’il faut qu’on me reſpecte, & que l’on m’obeïſſe ?

BRITANNICUS.

Ils ne nous ont pas veuë l’un & l’autre élever,
Moy pour vous obeïr, & vous pour me braver,
Et ne s’attendoiẽt pas, lors qu’ils nous virent naître,
Qu’un jour Domitius me dût parler en maiſtre.

NERON.

Ainſi par le deſtin nos vœux ſont traverſez,
J’obeïſſois alors, & vous obeïſſez.
Si vous n’avez appris à vous laiſſer conduire,
Vous eſtes jeune encore, & l’on peut vous inſtruire.