Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/342

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J’ay ma folie, hdas, aufli bien que mon Pcre,

L’INTIME’. Ho ! vous voulez juger »

LEANDRE.

Laiflôns là le myftere.

Tu connois ce Logis.

L4NTI M E\

Je vous enterrs enfini Diantre, l’amour vous tient au cœur de bon matin. Vous me voulez parler, làns doute, dliàbelle.

Je vous l’ay dit cent fois, elle eft làge, elle eft belle ;
Mais vous devez fonger que Moniteur Chicanneau,
De fon bien en procez conlùme le plus beau.
A qui n’en veut-il point ? Je croy qu’à l’Audiancc
11 lèra, s’il ne meurt* venir toute la France.
Tout aupres de fon Juge il s’eft venu loger.
L’un veut plaider toujours, l’autre toujours juger ;
Et c’eft un grand hazard s’il conclud voftre affaire,
Sans plaider le Curé, le Gendre, & le Notaire.
LEANDRE.

Je le fçay comme toy. Mais malgré tout cela,
Je meurs pour Ilàbelle.

L’INTIME’.

Hé bien, époulèz-là.
Vous n’avez qu’à parler, c’eft une affaire prefte.
LEAN D RE.

Hé, cela ne va pas.fi vifte que ta tefte.
Son Pere eft un làuvage à qui je férois peur,
A moins que d’eftre Huiffier, Sergent, ou Procureur,
On ne voit point là Fille. Et la pauvre Ilàbelle >
Invifible & dolente, eft en prifon chezelle,
Elle voit diffiper fà jeuneflè en regrets,
Mon amour en fumée, & fon bien en procez.
Il la ruinera, fi l’on le laiffe faire.
Ne connoiftroinu point quelque honncfte FaufTaire,