Page:Racine - Œuvres, tome 1, 1679.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
64
LES FRERES ENNEMIS.




SCENE V.

CREON, OLYMPE, ATTALE.


OLIMPE.


QU’attendez-vous, Seigneur ; la Princeſſe n’eſt plus.

CREON.

Elle n’eſt plus Olympe ?

OLIMPE.

Elle n’eſt plus Olympe ? Ah ! regret ſuperflus !
Elle n’a fait qu’entrer dans la chambre prochaine,
Et du meſme poignard dont eſt morte la Reine,
Sans que je puſſe voir ſon funeſte deſſein,
Cette fiere Princeſſe a percé ſon beau ſein.
Elle s’en eſt, Seigneur, mortellement frappée,
Et dans ſon ſang, helas ! elle eſt ſoudain tombée.
Jugez à cet objet ce que j’ay dû ſentir.
Mais ſa belle ame enfin toute preſte à ſortir,
Cher Hémon, c’eſt à toy que je me ſacrifie,
Dit-elle, & ce moment à terminé ſa vie.
J’ay ſenti ſon beau corps tout froid entre mes bras,
Et j’ay cru que mon ame alloit ſuivre ſes pas.
Heureuſe mille fois ſi ma douleur mortelle,
Dans la nuit du tombeau, m’euſt plongée avec elle !

Elle s’en va.