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LES FRERES ENNEMIS.

Reprenez, reprenez cet Empire funeſte.
Vous m’oſtez Antigone, oſtez-moy tout le reſte.
Le Troſne & vos preſens excitent mon courroux,
Un coup de foudre eſt tout ce que je veux de vous.
Ne le refuſez pas à mes vœux, à mes crimes.
Ajouſtez mon ſupplice à tant d’autres Victimes.
Mais en vain je vous preſſe, & mes propres forfaits
Me font dé-ja ſentir tous les maux que j’ay faits.
Polinice, Eteocle, Iocaſte, Antigone,
Mes Fils, que j’ay perdus pour m’élever au Troſne,
Tant d’autres mal-heureux dont j’ay cauſé les maux,
Font dé-ja dans mon cœur l’office des bourreaux.
Arreſtez, mon trépas va vanger voſtre perte,
La foudre va tomber, la terre eſt entr’ouverte,
Je reſſens à la fois mille tourmens divers,
Et je m’en vais chercher du repos aux Enfers

Il tombe entre les mains des Gardes.


FIN.