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obligée de censurer, en censurant M. Arnauld, deux Pères de l’Église, dont la seconde proposition était tirée, et de se faire à elle-même une plaie incurable, par la nécessité où ils la mirent de retrancher de son corps ses plus illustres membres. D’ailleurs ils donnaient aussi par là une grande idée de leur pouvoir et du crédit qu’ils avaient à la cour. Ils confirmaient le roi et la reine mère dans toutes les préventions qu’ils leur avaient inspirées contre leurs adversaires. Mais ils songèrent à tirer des fruits plus solides de leur victoire. Ils obtinrent un ordre pour casser tous ces petits établissements que j’ai dit qu’on avait faits pour l’instruction de la jeunesse, et qu’ils appelaient des écoles de jansénisme. Le lieutenant civil[1] alla à Port-Royal des Champs pour en faire sortir les écoliers et les précepteurs, avec tous les solitaires qui s’y étaient retirés. M. Arnauld fut obligé de se cacher ; et il y avait même déjà un ordre signé pour ôter aux religieuses des deux maisons leurs novices et leurs pensionnaires. En un mot, le Port-Royal était dans la consternation, et les jésuites au comble de leur joie, lorsque le miracle de la Sainte épine arriva.

On a donné au public plusieurs relations de ce miracle. Entre autres feu M. l’évêque de Tournay[2],

  1. M. d’Aubray ou Daubray.
  2. Gilbert de Choiseul.