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des bénédictions qu’il avait répandues sur sa communauté, plus elle avait lieu de craindre qu’après sa mort, et après celle de la Mère Agnès, sa coadjutrice, on n’introduisît en leur place quelque abbesse qui, n’ayant point été élevée dans la maison, détruirait peut-être en six mois tout le bon ordre qu’elle avait tant travaillé à y rétablir. La reine Marie de Médicis entra avec bonté dans ses sentiments ; elle parla au roi son fils, dans le temps qu’il revenait triomphant après la prise de La Rochelle, et lui représentant tout ce qu’elle connaissait de la sainteté de ces filles, toucha tellement sa piété qu’il crut lui-même rendre un grand service à Dieu en consentant que cette abbaye fût élective et triennale. La chose fut confirmée par le pape Urbain VIII. Aussitôt la Mère Angélique et la Mère Agnès se démirent, l’une de la qualité d’abbesse, et l’autre de celle de coadjutrice ; et en 1630 la communauté élut pour trois ans une des religieuses de la maison[1]. La Mère Angélique venait d’obtenir du même pape une autre grâce qui ne lui parut guère moins considérable. Elle avait toujours eu au fond de son cœur un grand amour pour la hiérarchie ecclésiastique, et souhaitait aussi ardemment d’être soumise à l’autorité épiscopale que les autres abbesses désirent d’en être soustraites. Son souhait

  1. La sœur Marie-Geneviève de Saint-Augustin Le Tardif.