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ANDROMAQVE

Voila de ton amour le deteſtable fruit.
Tu m’apportois, Cruel, le malheur qui te ſuit.
C’eſt toy, dont l’Ambaſſade à tous les deux fatale,
L’a fait pour ſon malheur pancher vers ma Riuale ;
Nous le verrions encor nous partager ſes ſoins,
Il m’aimeroit peut-eſtre, il le feindroit du moins.
Adieu. Tu peux partir. Ie demeure en Epire,
Ie renonce à la Grece, à Sparte, à ſon Empire,
À toute ma Famille. Et c’eſt aſſez pour moy,
Traiſtre, qu’elle ait produit vn monstre comme toy.
Allons, Madame, allons. C’eſt moy qui vous déliure.
Pyrrhus ainſi l’ordonne, & vous pouuez me ſuiure.
De nos derniers deuoirs allons nous dégager.
Montrons qui de nous deux ſçaura mieux le vanger.