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Page:Racine - Andromaque, Girard, 1668.djvu/51

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TRAGEDIE

Scène V.

PYRRHVS, PHOENIX.
PYRRHVS.


He bien, Phœnix, l’Amour eſt-il le Maiſtre ?
Tes yeux refuſent-ils encor de me connaiſtre ?

PHOENIX.

Ah ! je vous reconnois, & ce juste courroux
Ainſi qu’à tous les Grecs, Seigneur, vous rend à vous.
Et qui l’auroit penſé, qu’vne ſi noble audace
D’vn long abaiſſement prendroit ſi-toſt la place ?
Que l’on pût ſi-toſt vaincre vn poiſon ſi charmant ?
Mais Pyrrhus, quand il veut, ſçait vaincre en vn moment.
Ce n’eſt plus le jouët d’vne flamme ſeruile.
C’eſt Pyrrhus. C’est le Fils, & le Riual d’Achille,
Que la Gloire à la fin rameine ſous ſes lois,
Qui triomphe de Troye vne ſeconde fois.

PYRRHVS.

Dy plutoſt, qu’aujourd’huy commence ma Victoire.
D’aujourd’huy ſeulement ie jouïs de ma gloire,
Et mon cœur auſſi fier, que tu l’as veû ſoûmis,
Croit auoir en l’Amour vaincu mille Ennemis.