Neron joüit de tout, & moy pour recompenſe
Il faut qu’entre eux & luy je tienne la balance,
Afin que quelque jour par une meſme loy
Britannicus la tienne entre mon fils & moy.
Neron m’échappera ſi ce frein ne l’arreſte.
Mais ſi Neron pour vous n’eſt plus ce qu’il doit être,
Du moins ſon changemẽt ne vient pas juſqu’à nous,
Et ce ſont des ſecrets entre Ceſar & vous.
Quelques titres nouveaux que Rome luy défere,
Neron n’en reçoit point qu’il ne donne à ſa mere.
Sa prodigue amitié ne ſe reſerve rien.
Voſtre nom eſt dans Rome auſſi Saint que le ſien.
A peine parle-t-on de la triſte Octavie.
Auguſte voſtre ayeul honora moins Livie.
Neron devant ſa mere a permis le premier
Qu’on portaſt les faiſceaux couronnez de laurier.
Quels effets voulez-vous de ſa reconnoiſſance ?
Tous ſes préſens, Albine, irritent mon dépit.
Je voy mes honneurs croiſtre, & tõber mon credit.
Non, non, le tẽps n’eſt plus que Neron jeune encore
Me renvoyoit les vœux d’une Cour, qui l’adore,