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Scène III.

AGRIPPINE, BRITANNICUS, NARCISSE, ALBINE.


AGRIPPINE.

AH Prince ! où courez-vous ? Quelle ardeur inquiete

Parmy vos ennemis en aveugle vous jette ?
Que venez-vous chercher ?

BRITANNICUS.
Que venez-vous chercher ? Ce que je cherche ? Ah Dieux !

Tout ce que j’ay perdu, Madame, eſt en ces lieux.
De mille affreux Soldats Junie environnée
S’eſt veuë en ce Palais indignement traînée.
Helas ! de quelle horreur ſes timides eſprits
A ce nouveau ſpectacle auront eſté ſurpris !
Enfin on me l’enleve. Une loy trop ſevere
Va ſeparer deux cœurs, qu’aſſembloit leur miſere.
Sans doute on ne veut pas que mêlant nos douleurs
Nous nous aidiõs l’un l’autre à porter nos malheurs.

AGRIPPINE.
Il ſuffit. Comme vous je reſſens vos injures.

Mes plaintes ont déja precedé vos murmures.
Mais je ne pretens pas qu’un impuiſſant courroux
Dégage ma parole, & m’acquitte envers vous.
Je ne m’explique point. Si vous voulez m’entendre,
Suivez-moy chez Pallas, où je vais vous attendre.