Page:Racine - Britannicus 1670.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.



Scène III.

NERON, JUNIE.


NERON.

VOus vous troublez, Madame, & changez de viſage.

Liſez vous dans mes yeux quelque triſte preſage ?

JUNIE.
Seigneur, je ne vous puis déguiſer mon erreur.

J’allois voir Octavie, & non pas l’Empereur.

NERON.
Je le ſçay bien, Madame, & n’ay pû ſans envie

Apprendre vos bontez pour l’heureuſe Octavie.

JUNIE.
Vous Seigneur ?
NERON.
Vous Seigneur ? Penſez vous, Madame, qu’en ces lieux

Seule pour vous connoiſtre Octavie ait des yeux ?

JUNIE.
Et quel autre, Seigneur, voulez-vous que j’implore ?

A qui demanderay-je un crime que j’ignore ?
Vous qui le puniſſez, vous ne l’ignorez pas.
De grace apprenez-moy, Seigneur, mes attentats.

NERON.
Quoy Madame ? Eſt-ce donc une legere offenſe

De m’avoir ſi long-temps caché voſtre preſence ?