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Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/129

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Tout le peuple assemblé nous poursuit à main forte.
Aux ordres d’Andromaque ici tout est soumis ;
Ils la traitent en reine, et nous comme ennemis.
Andromaque elle-même, à Pyrrhus si rebelle.
Lui rend tous les devoirs d’une veuve fidèle,
Commande qu’on le venge, et peut-être sur nous
Veut venger Troie encore et son premier époux[1].
Allons. N’attendons pas que l’on nous environne :
Nos Grecs nous rejoindront ; et tandis qu’Hermione
Tient encore le peuple autour d’elle arrêté,
Voilà votre chemin, sortons en sûreté.

ORESTE.

Non, non, c’est Hermione, amis, que je veux suivre.
À son dernier arrêt je ne puis plus survivre.
Partez : j’ai fait le crime, et je vais l’expier.

PYLADE.

Hermione, Seigneur ? Il la faut oublier.
Quoi ? toujours l’instrument et l’objet de sa rage,
Cherchez-vous chez les morts quelque nouvel outrage ?
Et parce qu’elle meurt, faut-il que vous mouriez ?

ORESTE.

Elle meurt ? Dieux ! qu’entends-je ?

PYLADE.

Elle meurt ? Dieux ! qu’entends-je ? Hé quoi ? vous l’ignoriez ?
En rentrant dans ces lieux, nous l’avons rencontrée
Qui couroit vers le temple, inquiète, égarée.
Elle a trouvé Pyrrhus porté sur des soldats


  1. Commande qu’on le venge ; et peut-être qu’encor
    Elle poursuit sur nous la vengeance d’Hector.
    (Éd. 1668-87.)