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Page:Racine - Théâtre choisi, 1904, éd. Lanson.djvu/378

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ARSACE.

Arsace, entrerons-nous ? Seigneur, j’ai vu la Reine ;
Mais pour me faire voir, je n’ai percé qu’à peine
Les flots toujours nouveaux d’un peuple adorateur
Qu’attire sur ses pas sa prochaine grandeur.
55Titus, après huit jours d’une retraite austère,
Cesse enfin de pleurer Vespasien son père.
Cet amant se redonne aux soins de son amour ;
Et si j’en crois. Seigneur, l’entretien de la cour,
Peut-être avant la nuit l’heureuse Bérénice
60Change le nom de reine au nom d’impératrice.

ANTIOCHUS.

Hélas !

ARSACE.

Hélas ! Quoi ? ce discours pourroit-il vous troubler ?

ANTIOCHUS.

Ainsi donc sans témoins je ne lui puis parler ?

ARSACE.

Vous la verrez. Seigneur : Bérénice est instruite
Que vous voulez ici la voir seule et sans suite.
65La Reine d’un regard a daigné m’avertir
Qu’à votre empressement elle alloit consentir ;
Et sans doute elle attend le moment favorable
Pour disparoître aux yeux d’une cour qui l’accable.

ANTIOCHUS.

Il suffit. Cependant n’as-tu rien négligé
70Des ordres importants dont je t’avois chargé ?

ARSACE.

Seigneur, vous connoissez ma prompte obéissance.
Des vaisseaux dans Ostie armés en diligence