Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/145

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TRAGÉDIE. IC5

Et contre votre gloire excité leur courroux ? Hclas nous fadmirions fans en être jaloux , Conteras de nos Etats, & charmés l'un de l'autre , Nous attendions un fort plus heureux que le vôtre. Porus bornoit fcs vœux à conquérir un cœur. Qui, peut-être aujourd'hui, l'eût nommé ibn vainqueur. Ah, n'eufficz-vous verfe qu'un fang fî magnanime; Quand on ne vous pourroit reprocher que ce crime ,. Ne TOUS fentez-vous pas , Seigneur , bien m.alheurcux D'être venu fî loin rompre de li beaux nœuds! Non , de quelque douceur que fe flatte votre ame , Vous n'êtes qu'un tyran.

Alexandre.

Je le vois bien. Madame; Vous vouiez, que, faifi d'un indigne cou? roux , Eiv reproches honteux j'éclate contre vous. Peut-être cfperez-vous que ma douceur lalTce Donnera quelque atteinte à fa gloire pafiée. Mais, quand votre vertu ne m'auroit point charme. Vous attaquez , Madame , un vainqueur défarmé. Mon ame , malgré vous , à vous plaindre engagée , Refpccte le malheur ou vous êtes plongée. Ceft ce trouble fatal qui vous ferme les yeux. Qui ne regarde en moi qu'un tyran odieux. Sans lui , vous avoueriez que le fang 6c les larmes N'ont pas toujours fouillé la gloire de mes armes. Vous verriez . . ,

A X I A N E.

Ah , Seigneur , puis-je ne les point voir Ces vertus, dont l'éclat aigrit mon défefpoir I N'ai-je pas vu par tout la viifioire modefte , Perdre avec vous l'orgueil qui la rend fi funeftc î Ne vois-jc pas le Scythe &: le Perfe abattus , Se plaire fous le joug, &C vanter vos vertus j F.t difpurer enfîn , par une aveugle envie, A vos propres fujers le foin de votre vie? Mais que fert à ce cœur que vous perfécutez , D« viiir par tout ailleurs adorer vos bontés î

Ev

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