Pyrrhus|c}}
Crois-tu, si je l’épouse,
Qu’Andromaque en son cœur n’en sera pas jalouse ?
Quoi ? toujours Andromaque occupe votre esprit ! Que vous importe, ô dieux ! sa joie ou son dépit ? Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ?
Non, je n’ai pas bien dit tout ce qu’il lui faut dire : Ma colère à ses yeux n’a paru qu’à demi ; Elle ignore à quel point je suis son ennemi. Retournons-y. Je veux la braver à sa vue, Et donner à ma haine une libre étendue. Viens voir tous ses attraits, Phoenix, humiliés. Allons.
Allez, Seigneur, vous jeter à ses pieds ;
Allez, en lui jurant que votre âme l’adore, À de nouveaux mépris l’encourager encore.
Je le vois bien, tu crois que prêt à l’excuser Mon cœur court après elle et cherche à s’apaiser.
Vous aimez : c’est assez.
Moi, l’aimer ? une ingrate
Qui me hait d’autant plus que mon amour la flatte ? Sans parents, sans amis, sans espoir que sur moi ; Je puis perdre son fils, peut-être je le doi ; Etrangère… que dis-je ? esclave dans l’Epire, Je lui donne son fils, mon âme, mon empire, Et je ne puis gagner dans son perfide cœur D’autre rang que celui de son persécuteur ! Non, non, je l’ai juré, ma vengeance est certaine : Il faut bien une fois justifier sa haine, J’abandonne son fils. Que de pleurs vont couler ! De quel nom sa douleur me va-t-elle appeler !