Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/229

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Pour qui coule le sang que je viens de répandre ? Je suis, si je l’en crois, un traître, un assassin. Est-ce Pyrrhus qui meurt ? et suis-je Oreste enfin ? Quoi ? j’étouffe en mon cœur la raison qui m’éclaire, J’assassine à regret un roi que je révère, Je viole en un jour les droits des souverains, Ceux des ambassadeurs, et tous ceux des humains, Ceux même des autels où ma fureur l’assiège : Je deviens parricide, assassin, sacrilège. Pour qui ? pour une ingrate à qui je le promets, Qui même, s’il ne meurt, ne me verra jamais, Dont j’épouse la rage ! Et quand je l’ai servie, Elle me redemande et son sang et sa vie ! Elle l’aime ! et je suis un monstre furieux ! Je la vois pour jamais s’éloigner de mes yeux ! Et l’ingrate en fuyant me laisse pour salaire Tous les noms odieux que j’ai pris pour lui plaire !


Scène V

Oreste, Pylade, soldats d’Oreste

Pylade

Il faut partir, Seigneur. Sortons de ce palais, Ou bien résolvons-nous de n’en sortir jamais. Nos Grecs pour un moment en défendent la porte ; Tout le peuple assemblé nous poursuit à main-forte ;