Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/350

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|io BRITANNICUS,

Vous deviez ne me voir que pour les expier. C'eft vous <jui m'ordonnez de me juftifier.

Néron. Je me fouviens toujours que je vous dois l'Empire. f t fans vous facigucr du foin de le redire. Votre bonté, Madame , avec tranquillité Pouvoir fe repofer fur ma fidélité. Aufîi-bien, ces foupçons, ces plaintes aflîduej , Ont fait croire à tous ceux qui les ont entendues. Que jadis ( j'ofe ici vous le dire entre nous ) Vous n'aviez , fous mon nom , travaillé que pour vous Tant d'honneurs , difoient-ils , 6" tant de déférences Sont-ce defes bienfaits de foibles récompenfes f Quel crime a donc commis ce fils tant condamné ? Efi:-ce pour obéir qu'elle Va couronné? N'efi-il de fon pouvoir que le dépojitaire f Non , que fi jufques-là j'avois pu vous complaire. Je n'eulle pris plaifir. Madame , à vous céder Ce pouvoir que vos cris fembloient redemander. Mais Rome veut un Maître , & non une Maîtreflc. Vous entendiez les bruits qu'excitoit ma foiblelle. Le Sénat, chaque jour, & le Peuple irrités De s'ouir par ma voix dicter vos volontés, Publioient qu'en mourant Claude , avec fa puilTance M'avpit cncor laifle fa fimple obéifTance. Vous avez vu , cent fois , nos Soldats en courroux Porter, en murmurant, leurs aigles devant vous; Honteux de rabaifler , par cet indigne ufage , Les Héros dont encore elles portent l'image. Toute autre fe fcroit rendue à leurs difcours : Mais, fi vous ne régnez, vous vous plaignez toujours. Avec Brirannicus contre moi réunie. Vous le fortifiez du parti de Junie ; Et la main de Pallas trame tous ces complots. Et lorfque, malgré moi , j'aflûre mon repos. On vous voit de colère & de haine animée. Vous voulez préfenter mon rival à l'armée. Déjà jufques au camp le bruit en a couru.

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