Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome1.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

^ TRAGÉDIE. 5 1 j

Me délivre à jamais des fureurs d'Agrippine. Taut qu'il refpirera je ne vis qu'à demi. Elle m'a fatigué de ce nom ennemi ; Et je ne prétends pas que fa coupable audace Une féconde fois lui promette ma place.

B u R R H u s. Elle va donc bien-tôt pleurer Brirannicu* ?

Néron. Avant la fin an jour je ne le craindrai plus.

B u R R H u s. Et qui de ce dcflcin vous infpire l'envie?

Néron. Ma gloire , mon amour , ma fureté , ma vie.

B u R R H u s. Non , quoi qtie vous dillez , cet horrible deflcia Ne fut jamais, Seigneur, conçu dans votre fein.

Néron. Burrhus !

B u R R H us. De votre bouche , ô Ciel î puis-je l'apprendre , Vous-même, fans frémir, avcz-vons pu l'entendre? Songez-vous dans quel fang vous allez vous baigner ? Néron dans tous les cœurs eft-il las de régner? Que dira-t-on de vous î Quelle cil votre penféeî

Néron. Quoi, toujours enchaîné de ma gloire palfce, J'aurai devant les yeux je ne fais quel amour. Que le hafard nous donne 5c nous ote en un jour? Soumis à tous leurs vœux , à mes d4lîrs contraire , Suis-je leur Empereur feulement pour leur plaiu- ;

B u R R H u s. Et ne fufSt-il pas. Seigneur, à vos fouhait* Que le bonheur public foit un de vos bienfaits ? C*cft à vous à choifir , vous êtes encor maître. Vertueux jufqu'ici , vous pouvez toujours l'être. Le chemin cft tracé , rien ne vous retient plus. Vous n'avrz qu'i marcher de vertus en vertus. Tome L O

�� �