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TRAGÉDIE, S17

Et, fi je m'en croyois, ce triomphe indifcrct Seroit bien-rôt fuivi d'un éternel regret. Mais de tout l'univers quel fera Je langage? Sur les pas des tyrans veux-tu que je m'engage ? Et que Rome, effaçant tant de rirres d'honneur. Me laifTc , pour tous noms , celui d'enipoifonneur ? Ils mettront ma vengeance au rang des parricides.

Narcisse. Et prenez-vous. Seigneur, leurs caprices pour guidci ? Avez-vous prétendu qu'ils fe tairoient toujours? F.ft-ce à vous de prêter l'oreille à leurs difcours? De vos propres défirs perdez-vous la n>2moire î Et ferez- vous le fcul que vous n'ofcrez croire ? Mais, Seigneur, les Romains ne vous font pas connus. Non, non, dans leurs difcours ils font plus retenus. Tant de précaution affoihlit votre règne , Ils croiront , en ettet , mériter qu'on les craigne. Au joug, depuis lorig-icmps , ils fe font façonnés ; Us adorent la main qui les tient enchaînés. Vous les verrez toujours ardcns a vous complaire. Leur prompte fervitudc a fatigué 1 ibère. Moi-même, revêtu d'un pouvoir emprunté. Que je reçus de Cl.iiidc avec la liberté. J'ai cent fois , dans le cours de ma gloire pafRe , Tenté leur patience , 5c ne l'ai point laiTce. D'un cnipoifonnemcnt vous cr-iignez la noirceur? Faites périr le frère, abandonnez la fœur; Rome f fut les auteh prodiguant les viiiiiaies, Fuflent-ils innocens, leur trouvera des crimes. Vous verrez mettre au rang des jouis infortunés. Ceux cm jadis la fceur 6c le frère font nés.

Néron. Narcifle, cncor un coup, ji ne puis l'entreprendra. J'ai promis à Burrhus , il a fallu me rendre. Je ne veux point encore, en lui manquant de foi , Donner à fa vertu des a-mes contre moi. J'oppofe à Ces raifons un courage inutile; Je ne l'écoute point avec un ca-ur tranquille.

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