Du peuple byzantin ceux qui plus respectés
Par leur exemple seul règlent ses volontés,
Sont prêts de vous conduire à la porte sacrée
D'où les nouveaux sultans font leur première entrée.
Bajazet
Eh bien! brave Acomat, si je leur suis si cher
Que des mains de Roxane ils viennent m'arracher.
Du sérail, s'il le faut, venez forcer la porte;
Entrez accompagné de leur vaillante escorte.
J'aime mieux en sortir sanglant, couvert de coups,
Que chargé malgré moi du nom de son époux.
Peut-être je saurai, dans ce désordre extrême,
Par un beau désespoir me secourir moi-même,
Attendre, en combattant, l'effet de votre foi,
Et vous donner le temps de venir jusqu'à moi.
Acomat
Hé! pourrai-je empêcher, malgré ma diligence,
Que Roxane d'un coup n'assure sa vengeance?
Alors qu'aura servi ce zèle impétueux,
Qu'à charger vos amis d'un crime infructueux?
Promettez. Affranchi d'un péril qui vous presse,
Vous verrez de quel poids sera votre promesse.
Bajazet
Moi?
Acomat
Ne rougissez point: le sang des Ottomans
Ne doit point en esclave obéir aux serments.
Consultez ces héros que le droit de la guerre
Mena victorieux jusqu'au bout de la terre:
Libres dans leur victoire, et maîtres de leur foi,
L'intérêt de l'Etat fut leur unique loi;
Et d'un trône si saint la moitié n'est fondée
Que sur la foi promise et rarement gardée.
Je m'emporte, Seigneur...
Bajazet
Oui, je sais, Acomat,
Jusqu'où les a portés l'intérêt de l'Etat;