Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/121

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j'ose vous troubler,

Mais, Madame, un esclave arrive de l'armée;

Et quoique sur la mer la porte fût fermée

Les gardes sans tarder l'ont ouverte à genoux,

Aux ordres du sultan qui s'adressent à vous.

Mais ce qui me surprend, c'est Orcan qu'il envoie.

Roxane

Orcan!

Zatime

Oui, de tous ceux que le sultan emploie,

Orcan, le plus fidèle à servir ses desseins,

Né sous le ciel brûlant des plus noirs Africains.

Madame, il vous demande avec impatience.

Mais j'ai cru vous devoir avertir par avance,

Et souhaitant surtout qu'il ne vous surprît pas,

Dans votre appartement j'ai retenu ses pas.

Roxane

Quel malheur imprévu vient encor me confondre?

Quel peut être cet ordre? et que puis-je répondre?

Il n'en faut point douter, le sultan inquiet

Une seconde fois condamne Bajazet.

On ne peut sur ses jours sans moi rien entreprendre,

Tout m'obéit ici. Mais dois-je le défendre?

Quel est mon empereur? Bajazet? Amurat?

J'ai trahi l'un, mais l'autre est peut-être un ingrat.