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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/123

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I.====

Atalide, Zaïre

Atalide

Ah! sais-tu mes frayeurs? sais-tu que dans ces lieux

J’ai vu du fier Orcan le visage odieux?

En ce moment fatal, que je crains sa venue!

Que je crains... Mais dis-moi: Bajazet t’a-t-il vue?

Qu’a-t-il dit? se rend-il, Zaïre, à mes raisons?

Ira-t-il voir Roxane et calmer ses soupçons?

Zaïre

Il ne peut plus la voir sans qu’elle le commande:

Roxane ainsi l’ordonne, elle veut qu’il l’attende.

Sans doute à cet esclave elle veut le cacher.

J’ai feint en le voyant de ne le point chercher.

J’ai rendu votre lettre, et j’ai pris sa réponse.

Madame, vous verrez ce qu’elle vous annonce.

Atalide lit:

Après tant d’injustes détours,

Faut-il qu’à feindre encor votre amour me convie!

Mais je veux bien prendre soin d’une vie

Dont vous jurez que dépendent vos jours.

Je verrai la sultane; et par ma complaisance,

Par de nouveaux serments de ma reconnaissance,

J’apaiserai, si je puis, son courroux.

N’exigez rien de plus: ni la mort, ni vous-même,

Ne me ferez jamais prononcer que je l’aime,

Puisque jamais je n’aimerai que vous.


Hélas! Que me dit-il? Croit-il que je l’ignore?

Ne sais-je pas assez qu’il m’aime, qu’il m’adore?

Est-