Il est tard de vouloir s'opposer au vainqueur.
Atalide
O ciel!
Roxane
Le temps n'a point adouci sa rigueur.
Vous voyez dans mes mains sa volonté suprême.
Atalide
Et que vous mande-t-il?
Roxane
Voyez: lisez vous-même.
Vous connaissez, Madame, et la lettre et le seing.
Atalide
Du cruel Amurat je reconnais la main.
(Elle lit.)
Avant que Babylone éprouvât ma puissance,
Je vous ai fait porter mes ordres absolus.
Je ne veux point douter de votre obéissance,
Et crois que maintenant Bajazet ne vit plus.
Je laisse sous mes lois Babylone asservie,
Et confirme en partant mon ordre souverain.
Vous, si vous avez soin de votre propre vie,
Ne vous montrez à moi que sa tête à la main.
Roxane
Eh bien?
Atalide
Cache tes pleurs, malheureuse Atalide.
Roxane
Que vous semble?
Atalide
Il poursuit son dessein parricide.
Mais il pense proscrire un prince sans appui:
Il ne sait pas l'amour qui vous parle pour lui,
Que vous et Bajazet vous ne faites qu'une âme,
Que plutôt, s'il le faut, vous mourrez...
Roxane
Moi, Madame?
Je voudrais le sauver,