Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/165

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Jamais tous vos malheurs ne fauroient approcher
Des maux que j’ai soufferts en le voulant cacher.
Ne croyez point pourtant que , semblable à Pharnace,
Je vous ferve aujourd’hui pour me mettre en fa place.
Vous voulez être à vous , j’en ai donné ma foi 5
Et vous ne dépendrez ni de lui , ni de moi.
Mais , quand je vous aurai pleinement fatisfaite ,
En quels lieux avez-vous choifi votre retraite ?
Sera-ce loin, Madame , ou près de mes états î
Me fera-t-il permis d’y conduire vos pas î
Verrez vous d’ui\ même œil le crime ôc l’innocence ?
En fuyant mon rival , fuirez-vous ma préfencc î
Pour prix d’avoir fi bien fécondé vos fouhaits ,
Faudra-t-il me réfoudre à ne vous voir jamais ?

MONIME.

Ah, que m’apprenez-vous !

Xipharés.

Hé quoi , belle Monime >
Si le temps peut donner quelque droit légitime ,
Faut-il vous dire ici que le premier de tous
Je vous vis , je formai le defiein d’être à vous ,
Quand vos charmes naissans, inconnus à mon père,
N’avoient encor paru qu’aux yeux de votre mère ?
Ah , fi par mon devoir forcé de vous quitter.
Tout mon amour alors ne put pas éclater ,
Ne vous souvient-il plus , fans compter tout le rcfte >
Combien je me plaignis de ce devoir funcfte !
Ne vous souvient-il plus, en quittant vos beaux yeux,
Quelle vive douleur attendrit mes adieux ï
Je m’en souviens tout feu). Avouez-le, Madame,
Je vous rappelle un fonge effacé de votre ame.
Tandis que, loin de vous, fans cfpoir de retour ,
Je nourrissois encore un malheureux amour , ’
Contente & réfolue à l’hymen de mon père ,
Tous les malheurs du fils ne vous affligeoient guère.

Monime.
Hélas !