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TRAGÉDIE, 16}

Prince. Mais ce difcours demande un autre temps. Nous avons aujourd'hui des foins plus impottans. Michridatc revient , peut-être inexorable. Plus il cil malheureux, plus il eil redoutable. Le péril eft preflant plus que vous ne pcnfez. Nous fommes criminels , & vous le connoiflez. Rarement l'amitié délarme fa colère. Ses propres fils n'ont point de juge plus févère ; Et nous l'avons vu même, à fes cruels foupçons , Sacrifier deux fils pour de moindres raifons. Craignons pour vous,pourmoi,pour la reine elle-mêmej Je la plains, d'autant plus que Mithridate l'aime. Amant avec tranfport , mais jaloux fans retour. Sa haine va toujours plus loin que fon amour. Ne vous aiïurez point fur l'amour qu'il vous porte. Sa jaloufc fureur n'en fera que plus forte. Songez-y. Vous avez la faveur des foldats , Et, j'aurai des fecours que je n'explique pas. M'en croirez-vous ? Courons affurer notre grâce. Rendons-nous , vous & moi , maîtres de cette place ? Et faifons qu'à Ces fils il ne puifTe didcr Que les conditions qu'ils voudront accepter.

X I p H A R É s. Je fais quel eft mon crime , & je connois mon père J Et j'ai par-dcfTus vous le crime de ma mère. Mais quelque amour encor qui me pût éblouir. Quand moK. père paroît , je ne fais qu'obéir.

P H A p. N A C E.

Soyons-nous donc au moins fidèles l'un à l'autre. Vous favcz mon fecret , j'ai pénétré le vôtre. Le roi , toujours fertile en dangereux détours. S'armera contre nous de nos moindres difcours. Vous favcz fa coutume, &: fous quelles tendrcffcs Sa haine fait cacher Ces trompcufes adrefles. Allons. Puifqu'il le faut, je marche fur vos pas. Mais, en obéillant, ne nous trahilTons pas.

Fin du premier ASlz*

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