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TRAGÉDIE. 255

L'outrage me regarde ; &, quoi qu'on entreprenne, Je reponds d'une vie , où j'attache la mienne. Mais ma juftc douleur va plus loin m'engager. • C'eft peu de vous défendre ^ & je cours vous venger j Et punir à laibis le cruel Ibarageme Qui s'ofe de mon nom armer contre vous-même.

IPHIGÉNIE.

Ah, demeurez. Seigneur, &: daignez m'écouter.

Achille. Quoi , Madame , un barbare ofera m'infuker ? Il voit que de fa fceur je cours venger l'outrage. II fait que , le premier lui donnant mon fulirage , Je le fis nommer chef de vingt rois fcs rivaux ; Çt, pour fruit de mes foins , pour fruit de mes travaux, Pour tout le prix enfin d'une illuftre vidoire , Qui le doit enrichir, venger, combler de gloire , Content & glorieux du nom de votre époux , Je ne lui demandois que l'honneur d'être à vous.

'Cependant, aujourd'hui , fanguinaire , parjure ,

' C'cft peu de violer l'amitié , la nature ; C'eft peu que de vouloir, fous un couteau mortel , Me montrer votre coeur fumant fur un autel. D'un appareil d'hymen couvrant ce facrifice , II veut que ce foit moi qui vous mène au fupplice ? Que ma crédule main conduife le couteau ? Qu'au lieu de votre époux , je fois votre bourreau î Et quel ctoit pour vous ce fanglant hyménée, Si je fuiïe arrivé plus tard d'une journée ? Quoi donc , à leur fureur livrée en ce moment. Vous iriez à l'autel me chercher vainement ; Et d'un fer imprévu vous tomberiez frappée, En accufant mon nom qui vous auroit trompée i II faut de ce péril , de cette trahifon , Aux yeux de tous les Grecs lui demander raîfon. A l'honneur d'un époux vous-même iniércffée , Madame , vous devez approuver ma penfée. Il faut que le cruel , qui m'a pu méprifer, Apprenne de quel nom il ofoit abufer.

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