Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/292

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284 I P H I G E N I E,

Mon corps fera plutôt féparé de mon ame , Que je fouf&e jamais ... Ah , ma fille I Iphigénie.

Ah, Madame Sous quel aftre cruel avez-vous mis au jour Le malheureux objet d'une fi tendre amour î Mais que pouvez-vous faire en l'état où nous fommes ; Vous avez à combattre & les dieux & les hommes. Contre un peuple en fureur vous expoferez-vous ? N'allez point, dans un camp rebelle à votre époux , Seule à me retenir vainement obftinée , Par des foldats peut-être indignement traînée , Préfenter , pour tout fruit d'un déplorable effort , Un fpeûacle à mes yeux plus cruel que la mort. Allez. LaifTez aux Grecs achever leur ouvrage , Et quittez pour jamais un malheureux rivage. Du bûcher , qui m'attend, trop voifîn de ces lieux , La flamme de trop près viendroit frapper vos yeux. Sur-tout , fi vous m'aimez , par cet amour de mère , Ne reprochez jamais mon trépas à mon père.

CLYTEMNESTR.E.

Lui, par qui votre cœur à Calchas préfenté ! . . .

Iphigénie Pour me rendre à vos pleurs que n'a-t-il point tenté î

Clytemnestre, Par quelle trahifon le cruel m'a déçue I

Iphigénie. Il me cédoit aux dieux, dont il m'avoît reçue. Ma mort n'emporte pas tout le fruit de vos feux. De l'amour qui vous joint vous avez d'autres nœuds. Vos yeux me reverront dans Orefte mon frère. PuifiTe-t-il être , hélas , moins funefte à fa mère î D'un peuple impatient vous entendez la voix. Daignez m'ouvrir vos bras pour la dernière fois , Madame ; & rappellant votre vertu fublimc . . . Eurybate , à l'autel conduifez 1^ Yi(^iine.

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