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Terrible , &: plein du dieu qui l'agiroic fans doute : ' Vous y Achille j a-r-il-dit, &* vous Grecs , qu'on m' écouta Le Dieu qui maintenant vous parle par ma voix , M'explique fon oracle j, 6" m'inflruit defon choix. Un autre jang d'Hélène^ une autre Iphigénie Sur ce bord immolée y doit laijferfa vie. ThéJ'ée avec Hélène unifecrettement Fitjiiccéder l'hymen àfon enlèvement. Une fille enfortit, que fa mère a celée. Du nom d'iphigénie elle fut appellée. Je vis-moi-même alors ce fruit de leurs amours. D'un Jînifire avenir je menaçai fes jours. Sous un nom emprunté fa noire defiinée , Et fes propres fureurs ici l'ont amenée. Elle me voit , m'entend ^ elle efi devant vos yeux ^ Et c'efi elle , en un mot , que demandent les dieux.

Ainfi parle Calchas. Tout le camp immobile L'écoute avec frayeur, & regarde Eriphile. Elle étoit à l'autel ; & peut-être en fon coeur Du fatal facrifice accufoit la lenteur. Elle-même tantôt , d'une courfe fubite , Etoit venue aux Grecs annoncer votre fuite. On admire en fecret fa naillance &: fon fort. Mais i puifque Troie enfin eft le prix de fa mort , L'armée , à haute voix , fe déclare contre elle > Et prononce à Calchas la fencence mortelle. Déjà , pour la faiiîr , Calchas levé le bras- Arrête j a-t-elle dit , 6* ne m'approche pas. Lefang de ces héros, dont tu me fais défendre ; Sans tes profanes mains faura bienfe répandre, Furieufe elle vole, & fur l'autel prochain Prend le facré couteau, le plonge dans fon fein. A peine fon fang coule , & fait rougir la terre , Les dieux font fur l'autel entendre le tonnerre , Les venrs agitent l'air d'heureux frémiflemens , Et la mer leur répond par fes mugiflemens. La rive au loin gémit, blanchiffante d'écume. La âajzune du bûcher d'elle-mcmc s'allume.

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