5x8 PHEDRE,
CE N O N E.
Fuyez. Phèdre.
Je ne le puis c^aîtter. (E N o N E. Vous rofâtes bannir , vous n'ofez. l'éviter.
Phèdre. Il n'eft plus temps. Il fait mes ardeurs infenfées. De Taulière pudeur les bornes font paflees. J'ai déclaré ma honte aux yeux de mon vainqueur ; Et Tefpoir, malgré moi, s'eft glille dans mon cœur. Toi-même, rappellant ma force défaillante ; Et mon ame déjà fur mes lèvres errante , Par tes confeils flatteurs tu m'as fu ranimer , Tu m'as fait entrevoir que je pouvois l'aimer.^
(S N o N E.
Hélas I de vos malheurs innocente ou coupable ,
De quoi, pour vous fauver, n'étois-je point capable
Mais , fi jamais l'ofFenfe irrita vos efprits ,
Pouvez-vous d'un fuperbe oublier les mépris ?
Avec quels yeux cruels fa rigueur obftinée
Vous lailîbit à fes pieds, peu s'en faut , profternce I
Que fon farouche orgueil le rendoit odieux !
Que Phèdre, en ce moment, n'avoit-elle mes yeux î
Phèdre.
(Enone , il peut quitter cet orgueil qui te bleflè , Nourri dans les forêts , il en a la rudcfTc. Hippolyte , endurci par de fauvagcs loix , Entend parler d'amour pour la première fois. Peut-être fa furprife a caufé fon filence ; Et nos plaintes pcut-ccre ont trop de violence,
(Enone. Songez qu'une barbare en fon fein l'a formé.
Phèdre. Quoique Scythe & barbare , elle a pourtant aimé.
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