TRAGÉDIE, ?J7
ACTE IV.
SCENE PREMIERE.
THÉSÉE, (KNONE.
Thésée,
J\ H,qu'eft-ce que j'entends ? Un traître , un téméraire
Préparoit cet outrage à l'honneur de fon père î
Avec quelle rigueur, deftin , tu me pourfuis 1
Je ne fais où jç vais , je ne fais où je fuis.
O tendrefle ! O bonté trop mal récompenfée î
Projet audacieux ! Déteftable penfée î
Pour parvenir au but de Ces noires amours ,
L'infolent de la force empruntoit le fecours.
J'ai reconnu le fer , inftrumcnt de fa rage ,
Ce fer dont je l'armai pour un plus noble ufage.
Tous les liens du fang n'ont pu le retenir I
Et Phèdre différoit à le faire punir !
Le filence de Phèdre épargnoit le coupable !
Cffi N o N E. Phèdre épargnoit plutôt un père déplorable. Honteufc du deflein d'un amant furieux , Et du feu criminel qu'il a pris dans Ces yeux , Phèdre mouroit. Seigneur, & fa main meurtrière Eteignoit de fes yeux l'innocente lumière. J'ai vu lever le bras , j'ai couru la fauver. Moi feule à. votre amour j'ai fu la conferver. Et, plaignant à la fois fon trouble & vos allarmcs , J'ai fcrvi , malgré moi, d'interprète à fes larmes.
Thésée. Le perfide I II n'a pu s'empêcher de pâlir. De crainte , en m'abordant , je l'ai vu treiraillir. Je me fuis étonné de fon peu d'allégrelfe. Ses froids cmbraircmens ont glace ma tendrefle* Tome IL P
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