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Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/352

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544 PHEDRE,

Peut-être , fi ]a voix ne m'eût été coupée ,

L'afFreufe vérité me feroit échappée.

Hippolyte eft fenfîble , & ne fent rien pour moi î

Aricie a fon cœur ! Aricie a fa foi !

Ah , dieux ! Lorfqu'à mes vœux l'ingrat inexorable

S'armoit d'un œil li fier, d'un front lî redoutable ,

Je penfois qu'à l'amour fon cœur toujours fermé ,

Fût contre tout mon fèxe également armé.

Une autre cependant a fléchi fon audace.

Devant Ces yeux cruels une autre a trouvé grâce.

Peut-être a-t-il un cœur facile à s'attendrir.

Je fuis le fcul objet qu'il ne fauroit fouffrir.

Et je me chargerois du foin de le défendre I

SCENE V I.

PHÈDRE, (ENONE.

Phèdre. V-< HERE CŒnone , fais-tu ce que je viens d'apprendre ?

(E N G N E.

Non. Mais je viens tremblante, â ne vous point mentir. J'ai pâli du deflein qui vous a fait fortir. J'ai craint une fureur à vous-même fatale.

Phèdre. (Snone , qui l'eût cru ? J'avois une rivale.

(E N O N E.

Commeiic ?

Phèdre. Hippolyte aime , & je n'en puis douter. Ce farouche ennemi , qu'on ne pouvoir domter , Qu'ofFenfoit le refped , qu'importunoit la plainte , Ce tigre , que jamais je n'abordai fans crainte , Soumis , apprivoifé , reconnoît un vainqueur. Aricie a trouvé le chemin de fon cœur.

(E N o N £.

Aricie ?

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