Moins que jamais, Seigneur, il faut vous éloigner.
Moi, je demeurerai pour me voir dédaigner !
Des froideurs de Titus je ſerai reſponſable !
Je me verrai puni parce qu’il eſt coupable !
Avec quelle injuſtice & quelle indignité,
Elle doute, à mes yeux, de ma ſincérité !
Titus l’aime, dit-elle, & moi je l’ai trahie.
L’ingrate, m’accuſer de cette perfidie !
Et dans quel temps encor ? Dans le moment fatal
Que j’étale à ſes yeux les pleurs de mon rival ;
Que, pour la conſoler, je le faiſois paroître
Amoureux & constant, plus qu’il ne l’eſt peut-être.
Et de quel ſoin, Seigneur, vous allez-vous troubler ?
Laiſſez à ce torrent le temps de s’écouler.
Dans huit jours, dans un mois, n’importe, il faut qu’il paſſe.
Demeurez ſeulement.
Je sens qu’à ſa douleur je pourrois compatir :
Ma gloire, mon repos, tout m’excite à partir.
Allons ; & de ſi loin évitons la cruelle,
Que de long-temps, Arſace, on ne nous parle d’elle.
Toutefois il nous reſte encore aſſez de jour.
Je vais dans mon palais attendre ton retour.
Va voir ſi ſa douleur ne l’a point trop ſaiſie.
Cours ; & partons du moins aſſurés de ſa vie.
Fin du troiſième Acte.