Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome2.djvu/91

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D'ailleurs un bruit confus, par mes soins confirmé,

Fait croire heureusement à ce peuple alarmé

Qu'Amurat le dédaigne, et veut loin de Byzance

Transporter désormais son trône et sa présence.

Déclarons le péril dont son frère est pressé,

Montrons l'ordre cruel qui vous fut adressé;

Surtout qu'il se déclare et se montre lui-même,

Et fasse voir ce front digne du diadème.

Roxane

Il suffit. Je tiendrai tout ce que j'ai promis.

Allez, brave Acomat, assembler vos amis.

De tous leurs sentiments venez me rendre compte;

Je vous rendrai moi-même une réponse prompte.

Je verrai Bajazet. Je ne puis dire rien,

Sans savoir si son cœur s'accorde avec le mien.

Allez, et revenez.

Scène III.

Roxane, Atalide, Zatime, Zaïre

Roxane

Enfin, belle Atalide,

Il faut de nos destins que Bajazet décide.

Pour la dernière fois je le vais consulter.

Je vais savoir s'il m'aime.

Atalide

Est-il temps d'en douter,

Madame? Hâtez-vous d'achever votre ouvrage.

Vous avez du vizir entendu le langage;

Bajazet vous est cher. Savez-vous si demain

Sa liberté, ses jours, seront en votre main?

Peut-être en ce moment Amurat en furie

S'approche pour trancher une si belle vie.