ployer un jour à chanter les louanges de Dieu.
Mais la plupart des plus excellens vers de notre langue ayant été composés sur des matières fort profanes, & nos plus beaux airs étant sur des paroles extrêmement molles & efféminées, capables de faire des impressions dangereuses sur de jeunes esprits, les personnes illustres, qui ont bien voulu prendre la principale direction de cette Maison, ont souhaité qu’il y eût quelque ouvrage, qui, sans avoir tous ces défauts, pût produire une partie de ces bons effets. Elles me firent l’honneur de me communiquer leur dessein, & même de me demander si je ne pourrois pas faire sur quelque sujet de piété & de morale une espèce de poëme, où le chant fût mêlé avec le récit ; le tout lié par une action qui rendît la chose plus vive & moins capable d’ennuyer.
Je leur proposai le sujet d’Esther, qui les frappa d’abord, cette histoire leur paroissant pleine de grandes leçons d’amour de Dieu & de détachement du monde au milieu du monde même. Et je crus de mon côté que je trouverois assez de facilité à traiter ce sujet ; d’autant plus qu’il me sembla, que sans altérer aucune des circonstances tant soit peu considérables de l’Ecriture-Sainte, ce qui seroit, à mon avis, une espèce de facrilège, je pourrois remplir toute mon action avec les seules scènes, que Dieu lui-même, pour ainsi dire, a préparées.
J’entrepris donc la chose, & je m’apperçus qu’en travaillant sur le plan qu’on m’avoit donné, j’exécutois