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TRAGÉDIE. ïzj

J O A s.

Hélas , de tant d'amour & de tant de bienfaits , Mon père , quel moyen de m'acquitcr jamais î

J o A D.

Gardez pour d'autres temps cette reconnoiflance.

Voilà donc votre roi , votre unique efpérance. J'ai pris foin jufqu'ici de vous le conferver , Miniftres du Seigneur , c'eft à vous d'achever. Bien-tôt de Jézabel la fille meurtrière , Inftruite que Joas voit encor la lumière , Dans l'horreur du tombeau viendra le replonger. Déjà , fans le connoître , elle veut l'égorger. Prêtres faints , c'efl: à vous de prévenir fa rage. Il faut finir des Juifs le honteux efclavage , Venger nos princes morts , relever votre loi , Et faire aux deux tribus reconnoîcre leur roi. L'entreprife , fans doute , eft grande & périlleufe. J'attaque fur fon trône une reine orgueilleufe , Qui voit fous fcs drapeaux marcher un camp nombreux De hardis étrangers , d'infidèles Hébreux. Mais ma force eft au Dieu , dont l'inté êr me guide. Songez qu'en cet enfant tour Ifrael réfide. Déia ce Dieu vengeur commence à la f ouMer. Déjà trompant fes foins, j'ai fu vous raflcmbler. Elle nous croit ici fans armes , fans défenfe. Couronnons , proclamons Joas en dil'gence. De-ià , du nouveau prince intrépides foldars , Marchons , en invoquant l'arbitre des combats ; Et, réveillant la foi dans les coeurs endormie , Jufques dans fon palais cherchons norre ennemie.

Et quels cœu's fi plongés dans un lâche fommeil , Nous voyant avancer dans ce faint appareil , Ne s'emprcfleiont pas à fuivie notre exemple î Un roi , que D eu iui-inê.ne a nourvi dans Ton temple , Le fucceff ur d'Aaron de Cea prêtres fu-vi , Conduifant au combat l:s enfans de Lévi , Et , dans ces mêmes ma ns diS peuples révérées , Xes armes au Seigneur par David confaerées î

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