Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/240

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dire , où elles foient exprimées par des voies qui ne bleflènt point la pudeur ni la bienféance , qui f'aflcnc beaucoup entendre en difant peu , & qui , fans rien perdre de ce qu'elles ont de doux & de capable de tou- cher , leur donnent encore l'agrément de la retenue 6c de la modeftie. Ce ne font pas ces endroits deshon- nêtes qui empêchent le mal que ceux-ci peuvent faire. Ce feroit un plaifant fcrupule , que de n'ofer hs ôter , de peur de rendre le livre plus dangereux ; & je ne con- nois que vous qui les y voulufliez remettre par principe de confcience.

Mais d'ailleurs ce n'eft pas par ces palTîons cou- vertes & déguifées que Térencc eft dangereux , fur- tout dans les Comédies qu'on a traduites ; il y a des délicatelTes admirables mais elles ne font pas de ce genre - U ; &: dès qu'on en a retranché ce qu'il y a de trop libre , il n'eft plus capable de nuire.

Je pourrois ajouter à cela , qu'encore que toutes les comédies foient dangereufes , èc qu'il fut à fouhaiter qu'on les pût fupprimer toutes, celles des anciens le font beaucoup moins que celles qu'on fait aujourd'hui. Ces dernières nous émeuvent d'ordinairp tout autre- ment , parce qu'elles font prifes fur notre air & fur notre tour j que les perfonnes qu'elles nous repré- fentent font faites comme celles avec qui nous vivons ; & que prefque tout ce que nous y voyons, ou nous pré- pare à recevoir les impreifions de quelque chofe de fem- blable que nous trouverons bien-tôt , ou rçnouvclle celles que nous avons déjà reçues.

Mais nous retomberions infenlîblement fur un fujet qui vous importune, & vous ne prenez pat plailîr qu'on parle contre les comédies & les romans. D'ailleurs je vois que vous n'aimez pas que l'on foit long-tem|vs fur une même matière. C'eft ce qui vous a dégoûté des écrits de Port-Royal , & qui fait que vous vous plai- gnez qu'ils ne difent plus rien de nouveau. Cela ne me furprend point. Je commence à connoître votre hu* picur. Vous jugci à-peu-près de ces écrits comme des

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