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TRAGÉDIE. 19

Et les foibles mortels , vains jouets du trépas ," Sont tous devant Ces yeux comme s'ils n'étoient pas.

S'il a permis d'Aman l'audace criminelle , Sans doute qu'il vouloit éprouver votre zèle. C'eft lui qui m'excitant à vous ofer cîhercher , Devant moi , chère Efther , a bien voulu marcher. Et s'il faut que fa voix frappe en vain vos oreilles , Nous n'en verrons pas moins éclater fes merveilles. Il peut confondre Aman , il peut brifer nos fers. Par la plus foible main qui foit dans l'univers. Et vous , qui n'aurez point accepté cette grâce , Vous périrez peut-être , & toute votre race.

E s T H E R.

Allez. Que tous les Juifs , dans Suze répandus , A prier avec vous jour èc nuit affidus , Me prêtent de leurs voeux le fécours falutaire , Et pendant ces trois jours gardent un jeûne auftère. Déjà la fombre nuit a commencé fon tour. Demain , quand îe foleil rallumera le jour. Contente de périr , s'il faut que je périfle , J'irai pour mon pays m'offrir en facrifîce. Qu'on s'éloigne un moment.

( Le Chœur fe retire vers le fond du Théâtre. )

��SCENE IV.

ESTHER, ELISE, LE CHŒUR.

E s T H E R.

V-/ MON fouveraîn roi ! Me voicî donc tremblante & feule devant toi. Mon père mille fois m'a dit dans mon enfance , Qu'avec nous tu juras une fainte alliance , Quand , pour te faire un peuple agréable à tes yeux , Il plue d ton amour de choifîr nos ayeux.

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