DIVERSES, 197
avoir pu rien faire pour le fecourir , donnoît lieu d^ croire qu'il prendroic des mefures pour fe mettre hor^ d'état de recevoir un pareil affront. Et en effet , i| prétendoit avoir fi bien difpofé toutes chofes , tju'i^ pouvoir afFembler en peu de jours toutes les forces de fon parti , ou pour tomber fur les places dont il jugeroit à propos de faire le fiége , ou pour courir au fecours de celles que la France entreprendroit d'ac- tâquer%
Ainfi , en attendant la faifon propre pour agir, il affedoit de mener à Loô une vie fort tranquille , y prenant prefque tous les jours le diveitiflcment de la chaiïe , & paroiHant aufli peu ému de tous les avis qu'il recevoir des grands préparatifs de la France fur mer Se fur terre , que fi elle eût été hors d'état de rien entreprendre , ou qu'il eût été le maître des évé- nemens. Cette tranquillité apparente , à la veille d'une campagne fi importante pour les deux, partis, étoit fort vantée par fes admiiateurs , qui l'attribuoient à une grandeur d'ame extraordinaire. Et fes alliés la croyant un effet de fa pénétration & de la juftefie des mefures qu'il avoir prifes pour afiTurer le fuccès de i'ss delïèins, fe moquoient eux-mêmes de toutes les in- quiétudes qu'on leur vouloir donner, & dcmctiroient dans une pleine confiance qu'il ne leur pouvoir ariivcr aucun mal.
Au commencement du mois de Mai ils apprirent que le roi fuivi de toute fa cour étoit arrivé ^auprès de Mons , où étoit le rendez - vous de fes armées de Flandre. En même temps ils surent qu'une autre ar- mée étoit fur les cotes de Normandie , prête à pafler la mer avec* le roi d'Angleterre ; qu'un grand nombre de bâtimens de charge étoicnt à la Hogue avec toutes' les proviflions néceflaires pour faire une defcente dans ce royaume ; & qu'enfin une flotte de foixantc gros vaifleaux , deftinée pour appuyer le paflTage &c le dé- barquement des troupes , n'attendoit à Breft &: dans les autres ports , qu'un vent favorable pour entrer dans la Manche. N v
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