Enfin, le treizième Juin, les travaux ayant été poufles jufqu’aux retranchemens , il fut réfolu de les attaquer. La contenance fière des ennemis , qu’on voyoit en bataille en plufieurs endroits, derrière ces retranchemens , & qui avoient tout l’air de fe prépa- rer à une réiiftance vigoureufe , obligea le roi de leur oppofer fes meilleures troupes , & de fc tranfporter lui-même fur la hauteur pour régler l’ordre de l’at- taque.
Le fignal donné fur le midi , deux cens Moufquc- taires du roi à la droite , les Grenadiers à cheval à la gauche , & huit compagnies de Grenadiers d’Infante- rie au milieu , marchèrent aux ennemis l'épée à la main , foutcnus des fept bataillons de tranchée , àc des dix de la brigade du roi , qu’il avoir fait mettre en bataille , fur la hauteur , à la tête de leur camp. Les aflîégés , jufqu’alors fi fiers , s’effrayèrent bien- tôt. Ils firent feulement leur décharge , & abandon- nant la redoute & les retranchemens , fe retirèrent en dcfordre dans les chemins - couverts des ouvrages qu’ils avoient derrière eux. Ils perdirent plus de quatre cens hommes , la plupart tués de coups de main , Se entr’autres plufieurs Officiers &: plufieurs gens de diftindtion. Les François eurent quelque cent trente hommes , & quarante, tant officiers que Mouf- quctaires , tués ou blefl’és.
Le comte de Touloufe , Amiral de France , jeune prince âgé de quatorze ans , reçut une contufîon au bras à côté du roi , ôc plufieurs perfonnes de la cour furent aufli blelTées autour de lui. Le duc de Bour- bon , qui étoit lieutenant-général de jour , donna fes ordres avec non moins de fagelTe que de valeur. Les troupes , animées par la préfence du roi , fe figna- lerent à l’envi l’une de l’autre ; & les moindres Grena- diers de l’armée difputerent d’audace avec les Mouf: quetaires , de l’aveu des Moufquetaires même, On accorda aux aflîégés une fufpenfîon, pour venir re- tirer leurs morts. Mais on ne iaifla pas , pendant cette
