Page:Racine Théâtre Barbou 1760 tome3.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TRAGÉDIE. 77

Reconnoi/Tez , Abner, à ces traits éclatans , Un Dieu , tel aujourd'hui qu'il fut dans tous les temps. Il fait, quand il lui plait , faire éclater fa gloire , Et fon peuple elt toujours préfent à fa mémoire»

Abner. Mais où font ces honneurs à David tant promis , Et prédits même encor à Salomon fon fils ? Hélas, nous efpérions que de leur race heureufe Devoir fortir de rois une fuite nombreufe j Que fur toute tribu i fur toute nation , L'un d'eux établiroit fa domination , Feroit ccfler par-tout la difcorde & la guerre , Et verroit à fes pieds tous les rois de la terre.

J O A D.

Aux promeflcs du ciel pourquoi renoncez-vous i

Abner. Ce roi, fils de David, où le chercherons-no US ? Le ciel même peut-il réparer les ruines De cet arbre féché jufques dans fes racines î Athalie étouffa l'enfant même au berceau. Les morts , après huit ans, fortent-ils du tombeau ? Ah , fi dans fa fureur elle s'étoit trompée ; Si du fang de nos rois quelque goutte échappée . • ;

J o A D. Hé bien , que feriez-vous ?

Abner

O jour heureux pour moi ï De quelle ardeur j'irois reconnoître mon roi î Doutez-vous qu'à Ces pieds nos tribus emprefTées . , . Mais pourquoi me flatter de ces vaines penfées ? Déplorable héritier de ces rois triomphans , Okofias reftoit feul avec fes enfans. Par les traits de Jéhu je vis percer le père ; Vous avez vu les fils maflacrés par la mère.

J o A D.

Je ne m'explique point. Mais quand l'allre du jour Aura fur l'h^rifon faiç le tiers de fon tour ,

D iij

�� �