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Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/100

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— L’avez-vous vu rentrer hier soir ? demanda brusquement Vivaldi.

— Oui, sans doute, répondit le frère avec quelque surprise. Il est rentré pour les vêpres.

— En êtes-vous bien sûr, mon ami ? Êtes-vous certain qu’il ait couché au couvent la nuit dernière ?

— Et qui êtes-vous, monsieur, dit le frère scandalisé, pour me poser une pareille question ? Vous ignorez apparemment les règles de notre maison : sachez qu’un religieux ne peut passer la nuit hors du couvent sans encourir une peine sévère. Or, le père Schedoni est plus incapable que qui que ce soit de violer ainsi les lois de la communauté. C’est un de nos plus pieux cénobites ; il en est peu qui puissent marcher sur ses traces dans la voie de la pénitence. C’est un saint. Lui ! passer la nuit dehors ! Allez, monsieur, c’est à l’église que vous le trouverez.

Vivaldi ne s’arrêta pas à répondre, mais il traversa la cour en se disant, pensant à Schedoni : « Hypocrite ! je saurai te démasquer. » L’église était déserte comme la cour, et il y régnait un morne silence. Alors qu’il marchait le long d’un des bas-côtés, il aperçut, à la demi-clarté que laissaient passer les vitraux de couleur, un religieux debout et immobile. Il s’avança vers lui. Le moine, sans l’éviter, sans même détourner les yeux pour voir qui s’approchait, demeura dans la même attitude. Sa taille élevée et sa figure maigre rappelaient Schedoni ; et Vivaldi, regardant avec attention, reconnut, sous le capuchon baissé, la physionomie dure et pâle du confesseur.