Aller au contenu

Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’avance à une vie meilleure. Les tourments de sa conscience et ses mortifications avaient fait de lui un spectre plutôt qu’un homme. Son visage était blême, ses traits décomposés, ses yeux caves et presque sans regard ; et pourtant son air et son maintien attestaient encore une énergie extraordinaire et en quelque sorte surhumaine.

Il n’était pas encore remis du choc violent qu’il avait reçu, lorsqu’il fut mandé au palais Vivaldi par la marquise. Il s’empressa de s’y rendre, dans l’espoir de trouver là quelque moyen de se venger. Quand il entra, la marquise tressaillit, frappée de l’altération de son visage. Elle le fit asseoir, et l’instruisit de l’absence de Vivaldi qui, sans doute, avait découvert le lieu de la retraite d’Elena et les auteurs de son enlèvement.

Schedoni avait ses raisons pour ne pas penser comme elle ; mais il lui annonça qu’il ne fallait plus attendre aucune soumission d’un jeune homme qui avait oublié tous les principes de la religion au point d’en insulter les ministres dans l’accomplissement même de leurs pieux devoirs. Alors il raconta la conduite de Vivaldi dans l’église de Spirito Santo, exagéra les circonstances qui lui étaient défavorables, en inventa d’autres, et fit du tout un tableau d’impiété monstrueuse. La marquise indignée s’en remit, sur la conduite à tenir, aux nouveaux conseils du confesseur, et celui-ci entrevit dès lors l’éclatante vengeance qu’il méditait. Quant au marquis, il demeura étranger aux complots de sa femme et du moine. L’amour paternel commençait à revivre dans son cœur et à combattre l’orgueil de la naissance. Aussi, l’absence prolongée de son fils lui