Page:Radcliffe - L’Italien (trad. Fournier), 1864.djvu/122

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Vivaldi ; mais le concert finit sans qu’elle eût pu le découvrir. On passa dans l’appartement où la collation était préparée, et qui, comme la salle précédente, était divisé par une grille en parloirs intérieurs et extérieurs. L’un pour l’abbesse et ses religieuses ; l’autre pour les révérends pères et les étrangers. Parmi ceux-ci, Elena remarqua un personnage caché sous son chapeau de pèlerin et qui semblait assister à la fête sans y prendre part. Elle crut reconnaître l’air et la démarche de Vivaldi ; mais un reste d’incertitude lui fit attendre quelque nouveau trait de ressemblance. Tandis qu’elle fixait les yeux sur lui, l’étranger se découvrit ; c’était en effet Vivaldi. Le cœur palpitant, et sûre d’être reconnue, elle s’avança vers la grille sans lever son voile. Vivaldi avait laissé sur le rebord un petit papier plié et, avant qu’elle pût elle-même lui remettre le sien, il s’était prudemment éloigné. Comme elle allait prendre ce papier, une religieuse qui s’était approchée le fit tomber à terre avec sa manche ; et l’orpheline demeura immobile et pleine d’anxiété, s’attendant à chaque instant à voir la religieuse ramasser le billet et le porter à l’abbesse. Ses craintes se dissipèrent quand ladite religieuse poussa négligemment du pied le billet dans un coin ; mais elles se renouvelèrent avec plus de force quand elle vit la sœur s’approcher de l’abbesse pour lui dire quelques mots à l’oreille. Elle ne douta pas que Vivaldi n’eût été reconnu, et que le papier n’eût été laissé par terre à dessein pour qu’elle fût tentée elle-même de se trahir en le ramassant. Tremblante et près de succomber à ses terreurs, elle observait la con